LCRT: un radiotélescope sur la LUNE
Suite à l’effondrement d’Arecibo en décembre 2020, comment combler le grand vide laissé derrière le mythique radiotélescope? Pour le reconstruire, il faudrait en effet entre 50 et 400 millions de dollars, selon les estimations. Pour cette raison, la NASA réfléchit à investir directement dans un concept bien plus ambitieux: le Lunar Crater Radio Telescope (LCRT)!
Préparer l’exploration spatiale de demain

Imaginé dès les années 1960, le concept du radio télescope lunaire a été sélectionné pour la deuxième année consécutive par les équipes de l’Institut des Concepts Avancés de la NASA (le NIAC). Ce programme de l’agence spatiale américaine a pour objectif d’identifier et d’évaluer les innovations technologiques qui révolutionneront l’exploration spatiale de demain.

« La créativité est la clé de l’exploration spatiale de demain. Promouvoir des idées révolutionnaires qui peuvent nous sembler extravagantes aujourd’hui pourrait ouvrir des portes et de nouvelles approches pour l’exploration spatiale dans les décennies à venir. »
Jim Reuter
Administrateur associé pour la Direction des missions de technologie spatiale (NASA)



Un projet dans la lignée d’Artemis

Cette année, un demi million de dollars supplémentaires iront financer les travaux de recherche du Jet Propulsion Laboratory (JPL), le laboratoire californien qui étudie la faisabilité de l’installation d’un radiotélescope d’un kilomètre de diamètre à la surface de la Lune. Si le projet semble fou, il coïncide pourtant avec la volonté des Etats-Unis et de leurs partenaires commerciaux de retourner sur la Lune d’ici 2024, et présente aussi de nombreux avantages.
Observer la naissance de l’univers
En effet, pour comprendre la naissance de notre univers, les astronomes aimeraient pouvoir analyser les ondes émises par les nuages de gaz qui remplissaient le cosmos quelques millions d’années après le Big Bang, juste avant la naissance des premières étoiles. Sur Terre, il nous est impossible d’étudier ces ondes radio, bloquées par les couches supérieures de notre atmosphère et perturbées par les activités humaines.




La Lune comme bouclier naturel

Protégé en permanence des ondes en provenance de la Terre, la face cachée de la Lune offre donc un environnement idéal pour installer le futur Arecibo. En plus d’être dépourvue d’atmosphère, la faible gravité de notre satellite pourrait faciliter l’installation du radiotélescope. Pour le construire, les ingénieurs du JPL souhaitent utiliser deux technologies révolutionnaires: un réflecteur déployable en mailles métalliques et le rover DuAxel.



Une installation de haute voltige


En effet, pour concentrer les ondes radio, le LCRT utiliserait un treillis tendu de part et d’autre d’un cratère par des rovers DuAxel. Présentés lors du Journal De l’Espace numéro 57, ces robots sont composés de deux rovers autonomes (appelés Axels), maintenus connectés par un câble. Après s’être ancrés sur les bords d’un cratère, plusieurs Axels pourraient ainsi descendre le long des parois pour assembler l’antenne de l’observatoire lunaire.


Artemis: le double tranchant

Avec le développement du programme Artemis, il n’est pas exclu que des astronautes aident à assembler le LCRT, notamment en téléguidant les rovers DuAxel depuis l’orbite lunaire et la station Gateway. Cela dit, l’installation durable de l’Homme à la surface de la Lune pourrait aussi briser le silence radio qui règne sur sa face cachée, compromettant ainsi l’avenir des projets de radiotélescopes lunaires.
Pierre-Henri Le Besnerais

