31 JANVIER 1966:
L'URSS PART À LA CONQUÊTE DE LA LUNE

Il y a exactement 55 ans, la sonde Luna 9 décollait à 14h41 (heure de Moscou) du cosmodrome de Baïkonour à bord d’une fusée Molniya-M. Trois jours plus tard, la sonde soviétique devenait le premier engin spatial à se poser en douceur sur la surface de la Lune. Aujourd’hui, le journal de l’espace profite de cette date anniversaire pour comprendre comment Luna 9 a marqué l’histoire en transmettant les premières images de notre satellite depuis sa surface!

Il y a exactement 55 ans, la sonde Luna 9 décollait à 14h41 (heure de Moscou) du cosmodrome de Baïkonour à bord d’une fusée Molniya-M. Trois jours plus tard, la sonde soviétique devenait le premier engin spatial à se poser en douceur sur la surface de la Lune. Aujourd’hui, le journal de l’espace profite de cette date anniversaire pour comprendre comment Luna 9 a marqué l’histoire en transmettant les premières images de notre satellite depuis sa surface!

Qu'est-ce que le programme Luna?

Du mot Луна (« Lune » en russe), le programme Luna consistait en une série de missions automatiques envoyées vers notre satellite naturel entre 1959 et 1976 par l’URSS (l’union soviétique). Entre les impacteurs, les orbiteurs, et les atterrisseurs, au total vingt-quatre vaisseaux spatiaux ont reçu officiellement ce nom, parmi lesquels quinze ont accompli leur mission avec succès. Mais en réalité, ce sont pas moins de 45 sondes spatiales qui ont été construites pour le programme d’exploration! 

Portrait de Sergueï Korolev
Sergueï Korolev (1907-1966) est considéré comme le fondateur du programme spatial soviétique. Après le succès de son satellite Spoutnik-1, l'ingénieur a piloté le programme Luna. Il meurt le 14 janvier 1966, deux semaines avant le lancement de sa sonde Luna 9.
Affiche de propagande
"Notre triomphe dans l'espace est l'hymne de notre patrie soviétique!"

L'espace: une arme de propagande

En effet, avec la réussite retentissante de son satellite Spoutnik lancé en 1957, l’URSS décide de transformer son programme spatial en une véritable arme psychologique: c’est le début de la course à l’espace avec les américains. La censure communiste s’efforce alors de faire oublier les échecs du programme Luna, peu flatteurs pour l’image du régime communiste.

La "une" du "New York Daily News"
"La lune rouge aperçue au-dessus des Etats-Unis". Terrifiés par le spectre d'une attaque nucléaire sur leur sol, les américains se réveillent incrédules ce matin du 5 octobre 1957. Un observatoire a pu observer le satellite Spoutnik survoler leur continent.

Spoutnik: un "Pearl Harbour technologique"

Qualifiée plus tard de “Pearl Harbor technologique” par la presse américaine, l’onde de choc créée par le fameux “bip-bip” du premier satellite artificiel motive l’URSS à partir à la conquête de la Lune. Les dirigeants communistes qui souhaitent faire de l’astronautique soviétique le pilier de leur propagande, ordonnent à Sergueï Korolev, le père du Spoutnik, de se mettre au travail pour concevoir les premières sondes du programme Luna.

Timbre de l'Union Soviétique (1959)
Le régime soviétique imprime des timbres à l'effigie de la sonde Luna 3 en 1959. Tous les supports sont bons pour vanter le programme spatial soviétique!

Les premières missions du programme Luna

Deux ans à peine après Spoutnik, l’URSS part donc à la conquête de la Lune, et lance plusieurs sondes au cours de l’année 1959. L’impacteur Luna 2 devient le premier objet artificiel à atteindre la surface de la Lune, en s’écrasant à l’est de la Mare Imbrium. Trois semaines plus tard, la sonde Luna 3 survole notre satellite naturel et transmet les premières images de sa face cachée. Forts de leurs premiers succès, les ingénieurs soviétiques se lancent dans la conception d’un atterrisseur, c’est-à-dire une sonde capable de se poser intacte à la surface de la Lune.

Timbre de l'Union Soviétique (1959)
Le régime soviétique imprime des timbres à l'effigie de la sonde Luna 3 en 1959. Tous les supports sont bons pour vanter le programme spatial soviétique!

Il y a 55 ans jour pour jour...​

Il y a 55 ans jour pour jour, une fusée à quatre étages décollait à destination de la Lune, emportant avec elle l’atterrisseur Luna 9. Après 3 jours de voyage, l’altimètre embarqué de la sonde déclenche la séquence d’approche à 75 kilomètres de sa cible: la plaine basaltique Oceanus Procellarum.

Une minute avant l’impact, les modules latéraux inutiles à la manœuvre sont expulsés par la sonde, avant que l’ordinateur de bord n’ordonne l’allumage de ses rétrofusées. A 250 mètres d’altitude, le rétro-propulseur principal se coupe et deux airbags se gonflent pour protéger la sphère de 58 centimètres de diamètre qui continue alors sa descente. Quelques secondes avant l’impact, tous les moteurs s’arrêtent et la sonde touche le sol à 22 km/h.

Maquette de la sonde spatiale Luna 9
Maquette de la sonde spatiale Luna 9. Après son lancement le 31 janvier 1966, elle se posera en douceur le 3 février 1966 à 18h44 UTC dans l’Oceanus Procellarum (l'« Océan des tempêtes ») et envoie les premières images panoramiques du sol lunaire.

Le 3 février 1966:
la sonde Luna 9 se pose sur la Lune

Après plusieurs rebonds, la capsule s’immobilise finalement sur le sol lunaire, avant d’ouvrir ses pétales stabilisateurs pour déployer ses quatre antennes montées sur ressorts. La petite sphère conçue par l’ingénieur Sergueï Korolev contient un système de télécommunications, un programmateur, un système de contrôle thermique, des batteries et un seul instrument scientifique: un détecteur de radiations SBM-10.

Schéma de la séquence de déploiement de la sonde Luna 9
Maquette de l'atterrisseur Luna 9
Maquette de l'atterrisseur Luna 9. Les 4 pétales ouverts, la sonde s'est stabilisée en position verticale dans le régolithe lunaire, permettant ainsi le déploiement de ses antennes et l'opération de sa caméra panoramique embarquée.

Les premières photos prises depuis la Lune

Monté sur une tourelle de 8 cm, un miroir placé au sommet de l’atterrisseur permet à l’appareil photo embarqué de couvrir un angle de 360 degrés. Grâce à ce système, la sonde Luna 9 immortalise le paysage lunaire avec quatre photos historiques: les clichés en noir et blanc sont les premières photos prises à la surface d’un autre astre.

Capsule de Luna 9
Montage photo de l'atterrisseur de la sonde spatiale soviétique Luna 9, déployé à la surface de la Lune. La capsule a été éjectée lorsque l'avant du vaisseau spatial a touché la surface lunaire. Il a ensuite atterri et s'est redressé avant de déplier ses supports. Luna 9 était la troisième tentative "d'alunissage" de l'URSS.

L'URSS sur la Lune avant les américains

Le 3 février 1966, Luna 9 est donc devenue la première sonde à réussir à se poser en douceur sur un autre corps planétaire, un exploit technologique qui aura nécessité à l’URSS plus d’une dizaine de tentatives entre 1963 et 1966.

Du côté du bloc de l’ouest, il faudra attendre 4 mois pour que la sonde américaine Surveyor 1 ne reproduise l’alunissage de Luna 9. Retardée par des soucis lors du développement de la fusée Atlas-Centaur, l’atterrisseur américain se pose finalement en douceur sur la Lune le 2 juin 1966.

Pierre-Henri Le Besnerais

Lancement de la sonde Surveyor-1
30 mai 1966: lancement du lanceur Atlas-Centaur transportant la sonde lunaire Surveyor 1. La sonde spatiale américaine fournira des informations précieuses sur la consistance du sol lunaire qui permettront de préparer le premier atterrissage de l'homme sur la Lune.